Ignatius a marqué pour sa première apparition en Ligue 1. Plusieurs fois sacré meilleur buteur chez les jeunes au Cameroun, l'attaquant de 18 ans fait déjà forte impression dans le club
Une demi-heure lui a suffi pour se faire un nom chez les pros. Ignatius Kpene Ganago était une énigme pour les amoureux du Gym, jusqu'à son entrée marquante contre Naples, à la 74e minute du barrage retour de Ligue des champions. Puis samedi, le Camerounais de 18 ans a mis à profit 16 petites minutes de jeu pour marquer lors de son premier match en L1. Un baptême du feu qui confirme l'impression que le gamin débarqué à Nice en janvier a du talent. La cellule de recrutement du Gym a encore eu du flair avec l'ancien attaquant des Brasseries du Cameroun.
Au Pays, Ganago galope sur des terrains en terre et domine le classement des buteurs des tournois qu'il remporte avec ses copains de l'école de football basée à Douala. Quand il débarque sur la Côte d'Azur, il n'est pas qualifié et peut donc seulement s'entraîner en réserve. La puissance et la vitesse sont là, lui reste à s'habituer à un football différent et peaufiner le timing de ses déplacements. Très à l'écoute, souriant, il montre dès ses premiers matchs amicaux avec la N2 de Laurent Bonadei qu'il a retenu la leçon : on le prend beaucoup moins au piège du hors-jeu qu'avant et il trouve cinq fois le chemin des filets pendant l'été.
Son appel en profondeur contre Monaco résume la progression du garçon. « L'action qu'il se procure contre Naples l'a aidé pour cette nouvelle occasion. Il avait fait le bon crochet, mais s'était trop précipité sur sa frappe, rembobine une source interne au club. Cette fois, il a temporisé et fixé le gardien pour marquer avec beaucoup de sang-froid. »
Deux fois du gauche, « un pied qu'il doit travailler » paradoxalement. Comme la technique de balle sur son premier contrôle, « parce qu'il a tendance à toujours vouloir mettre de la vitesse dans ses gestes. »
Trapu (78 kg pour 1,76 m) et bien campé sur ses jambes, l'attaquant né en février 1999 sait également se montrer redoutable dans les airs.
« Outre la détente incroyable que lui confère la puissance de ses cuisses, il a une très bonne lecture de trajectoire. Ce qui lui permet d'avoir un excellent timing dans son placement et sa gestuelle ».
Auteur d'un doublé contre l'OM (2-0) avec la réserve, c'est d'ailleurs du front que le Camerounais a inscrit son troisième but officiel en National 2... contre Monaco (1-1), une semaine pile poil avant de récidiver avec les pros. Ignatius aime décidément les derbys. « C'est tout à fait logique qu'il s'entraîne avec nous. Son but c'est la cerise sur le gâteau, commentait un Vincent Koziello déjà conquis samedi soir. On avait déjà vu à l'entraînement qu'il était capable de faire de très bonnes choses. Je pense à son jeu dos au but, sa technique. Contre Monaco, c'est son sang-froid qui a fait la différence. »
Ignatius a signé un contrat de joueur élite avec le Gym, pour cinq ans. Pour Lucien Favre « il fait partie du cadre » chez les professionnels, et le vestiaire l'a déjà adopté.
« Il est plutôt timide pour l'instant, c'est normal. Mais il avait mis une bonne ambiance lors de son bizutage, », raconte Koziello. Ce jour-là, Ganago avait tapé des mains et sollicité les chœurs de ses aînés pour accompagner son chant africain. A Amiens, les fidèles supporters niçois présents ont remastérisé No Limit, le tube de 2 Unlimited, sorti en 1993, pour lui : « Go, go, Ganago-go, Ganago-go... »
No Limit, ça lui va si bien.