Buteur à Nîmes, le Camerounais de 21 ans réalise un début de saison qui résume un peu le personnage : prometteur et pourtant perfectible.
Bertoua, à l'Est du Cameroun. Ici-même, dans ce cadre où chaque centimère carré se transforme en terrain de compétition impitoyable, débute l'histoire liant Didier Lamkel Zé au football. Des premiers contacts avec le ballon « à 6 ans », juste histoire de s'amuser avec les copains. Puis un talent repéré assez vite, quand même, et une petite dose de rencontres bien senties. « Il y avait un tournoi, la Coupe Top, qui est la meilleure compétition de jeunes au Cameroun, retrace l'attaquant des Chamois. J'ai participé juste comme ça, sans savoir qu'il y avait des recruteurs. »
Le fameux élément déclencheur. « Quelques jours après, on a appelé mon père pour lui dire que j'étais sélectionné dans la meilleure académie du pays, Brasseries du Cameroun », embraye-t-il, à l'endroit même où un certain Samuel Eto'o a fait ses gammes. Puis, à 12 ans, il met les voiles vers Douala, la capitale économique, où il restera six années.
Arrive ensuite le temps du grand saut qui mène vers les centres de formations européens. Ce sera celui de Lille, en 2014, où il se familiarise (non sans peine) avec le climat local. « C'était la première fois que je jouais dans le froid. Au début, je me demandais si j'allais pouvoir supporter », évoque-t-il dans un sourire qu'il ne quitte jamais vraiment. Mais Lamkel Zé s'accroche et, après deux années au Losc, signe son premier contrat pro avec les Chamois à l'été 2016. Comme une récompense, finalement, pour celui qui a laissé « sa famille, ses frères et ses amis » à des milliers de kilomètres des Deux-Sèvres. Il y retrouve un compatriote, Ande Dona Ndoh, ou plutôt un « grand frère », toujours là pour « donner des conseils » et lui « tirer les oreilles ».
" Je travaille pour devenir un très grand joueur "
Il y trouve également un entraîneur, Denis Renaud, qui croit en lui. « Il fait partie de ces joueurs qui ont un vrai potentiel offensif, estime le technicien niortais. Il a, à la fois, cette faculté d'élimination et de faire des courses dans des zones qui font assez mal aux défenseurs. » Sa première saison en Ligue 2 sera poussive, avec 3 petits buts en 24 apparitions. Cette année, il fait déjà presque mieux, avec deux buts sur les neuf premières journées, dont un à Nîmes, vendredi dernier. Mais montre aussi, parfois, ce qu'il lui reste encore à corriger, comme cette nonchalance qu'il peut dégager, ou une finition qu'il concède devoir améliorer. « Il a énormément de qualités. A lui, au fur et à mesure des saisons, de les mettre à disposition du collectif », continue Denis Renaud. Alors, Lamkel Zé ne quitte pas le bleu de chauffe. Depuis son plus jeune âge, à Bertoua, il sait où il veut aller. « Je travaille pour devenir un très grand joueur avec l'aide de mes coéquipiers et de mes coachs », glisse-t-il avec une assurance qu'on croirait empruntée à… Samuel Eto'o, justement. Avant ça, il lui faudra confirmer sur la durée, en Ligue 2. Et dès vendredi, face à Quevilly-Rouen.
Niort - Quevilly-Rouen, vendredi à 20 h, stade René-Gaillard.
le chiffre
527
C'est le nombre de minutes disputées par Didier Lamkel Zé depuis le début de la saison en Ligue 2. Avec deux réalisations, il est, avec Roye et Dona Ndoh, le deuxième meilleur réalisateur des Chamois derrière Grange (4 buts).
Martial Debeaux