Fin juin 2011 s’est disputée au Stade de la Réunification de Douala la dernière finale d’un championnat jeune digne de ce nom (c'est-à-dire ayant occupé les enfants durant de nombreux mois) organisé par la Commission Départementale du Football Jeune pour le Wouri.
Cette finale dans la catégorie U17 avait vu se rencontrer l’ECOLE DE FOOTBALL BRASSERIES DU CAMEROUN et la FUNDESPORT tandis que plus tôt dans la matinée DAGA YOUNG STARS était opposé à NDEB SPORT ACADEMY dans la catégorie U15.
Nul ne se doutait alors que le football jeune qui n’était déjà pas formidablement considéré au Cameroun allait voir ses championnats ne plus se disputer.
La mesure à l’origine de cet arrêt catastrophique fût la décision prise par la FECAFOOT d’obliger tout postulant à se soumettre à l’examen de la radio du poignet.
Cette mesure qui avait pour objectif d’éradiquer la fraude sur les âges provoqua le courroux des promoteurs des structures de formation dans la mesure où le coût de l’examen était à la charge du joueur.
La conséquence de ce dialogue de sourds fût la non tenue des championnats jusqu’à ce jour.
Le lundi 14 janvier 2019, le nouvel exécutif de la FECAFOOT afficha sa détermination à relancer ce football des jeunes.
Le bémol est qu’il a remis au programme cet examen de la radio du poignet allant ainsi à l’encontre des recommandations de la Commission Nationale de Football Jeune composée notamment de bon nombre de promoteurs de structures de formation.
Il est fort à parier que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Toutefois il est à ce niveau important d’exposer quelques éléments :
1- Un examen contestable sur le plan scientifique
Il est unanimement reconnu que l’examen de la radio du poignet gauche présente de nombreuses limites relatives notamment à l’âge des examinés ou encore à la population de référence.
Il est également unanimement reconnu que la marge d’erreur est de 18 à 24 mois.
Enfin se pose le problème crucial de l’interprétation qui doit être réalisée par des praticiens à la compétence incontestable. Et à ce sujet des anecdotes concernant des examens réalisés en 2012 restent mémorables.
2- Un examen au détriment du football de masse
L’aspect qui caractérise le football des jeunes est qu’il doit attirer le plus grand nombre d’enfants afin de les encourager à la pratique du football. Le résultat sera l’enregistrement d’un grand nombre de licences et la bonne vitalité de la fédération.
Cet accès facile et massif à la pratique du football permettra de dégager tout naturellement une élite en ayant la conviction de n’avoir pas laissé en route un talent de par le fait d’une mesure discriminatoire.
Et c’est là que réside le principal problème de l’examen de la radio du poignet dans le contexte camerounais car non subventionné il écartera incontestablement des amoureux du football ainsi que parmi eux des éventuels pratiquants de grand talent. Et cela, c’est un risque à écarter définitivement.
3- Une autre voie est possible
Parce qu’il ne s’agit pas simplement de critiquer cet examen, qui a avant tout un objectif important à savoir stopper la fraude sur le âges, il convient de présenter un autre moyen d’action.
Le promoteur encourageant cette pratique est souvent obnubilé par le souci de vaincre plus que concentré sur les objectifs du formateur.
Et nul n’ignore que la motivation d’un enfant qui fraude sur son âge est de se donner des chances supplémentaires de se mettre en valeur sur le terrain face à des adversaires plus jeunes.
A terme ce jeune footballeur espère intégrer une sélection nationale intermédiaire et rêve d’un avenir de footballeur professionnel.
- Dans un souci de faire jouer le plus grand nombre possible de jeunes footballeurs il va s’agir de tous les accepter. La seule contrainte pour un enfant non muni d’une pièce d’identité officielle (cni informatisée ou passeport) doit être la fourniture d’une attestation d’existence de la souche de l’acte de naissance. Cette mesure, si elle n’éradiquera pas définitivement la fraude, tendra d’ores et déjà à la freiner.
- L’élite est amenée à intégrer les sélections nationales intermédiaires. Il va donc s’agir pour les entraîneurs nationaux d’établir des listes de présélectionnés à raison d’au minimum 5 à 8 joueurs par poste.
Le joueur présélectionné aura l’obligation de présenter lors du rassemblement (voire avant) le résultat de son examen de la radio du poignet qu’il aura réalisé à sa charge avec ou sans le concours de sa structure de formation.
Dans cette situation où nous nous inscrivons dans le cadre d’un football d’élite, la prise en charge de cet examen ne posera assurément pas le moindre problème.
Par ailleurs il verra le concerné soit le réaliser sans problème (pour l’enfant jouant avec son âge réel), soit le réaliser en espérant passer travers les mailles du filet, soit désister ( les 02 derniers cas concernant des enfants ayant fraudé sur leur âge).
Quant au sélectionneur il aura l’assurance de travailler lors de son stage avec une population de joueurs présentant certaines garanties.
- Par la suite l’IRM, qui est obligatoire pour les joueurs amenés à disputer les éliminatoires et phases finales des compétitions de jeunes sur le plan continental, viendra définitivement valider la participation du joueur dans la catégorie concernée.
De telles mesures tendront sur le moyen et long terme à décourager les fraudeurs qui ne pourront pas atteindre leurs objectifs et par conséquent réduiront ce phénomène considérablement.
La fraude sur les âges n’est pas un combat perdu d’avance mais un combat qui doit être mené en ne perdant jamais de vue que la priorité des priorités est de permettre la pratique d’un football pour tous et par tous.
Jean Flaubert NONO
Manager Général